Journée mondiale sans tabac: une célébration de plus, une célébration de trop

            « Qu’il s’agisse des odeurs ou de la santé, ni la ventilation, ni la filtration de l’air, seules ou associées, arrivent à réduire l’exposition à la fumée à l’intérieur des locaux à des niveaux  considérés comme acceptables » dixit OMS.

Instituée en 1978 par l’organisation mondiale de la santé (O M S), la journée mondiale sans tabac se célèbre tous les 31 mai. Elle vise la sensibilisation des populations sur les effets de la cigarette sur la santé du fumeur et celle de ses proches. Ainsi, l’OMS encourage les gouvernements à mettre en place  des espaces  100% non fumeur et à favoriser une meilleure qualité de l’air dans les lieux publics.  

Le phénomène du tabagisme : une question sociale

Depuis des décennies, l’industrie du tabac est l’une des plus répandus au monde. Originaire d’Amérique  centrale, le tabac est une plante cultivée dans non moins de 120 pays et demande environ cent fois plus de travail que le blé. Après sa découverte en Amérique il a été importé en Europe et consommé sous forme de cigares, de tabac à chiquer ou pour la pipe. Plus tard au XXe siècle, avec l’industrialisation, la cigarette s’impose comme le principal produit issu du tabac. Dans le souci de faire baisser le coût de production, cette industrie sera progressivement délocalisée vers les pays en voie de développement où l’on retrouve plus de 90% de champs.

La célébration de cette journée contraste vertement avec les habitudes quotidiennes des adeptes de ce produit. Car ni les mises en garde que l’on peut lire sur les emballages des paquets du genre « le tabac nuit gravement à la santé » ou encore « fumer tue », ni les nombreuses images  sur les méfaits de la cigarette ne parviennent à convaincre ses invétères de cigarettes à décrocher. Bien au contraire, leur nombre va croissant.

    Au Cameroun les fumeurs se recrutent dans toutes les couches de la  population, riches pauvres, analphabètes comme intellectuels, hommes et femmes,  vieux et jeunes. Cette dernière catégorie est la plus vulnérable, car l’addiction au tabagisme très souvent s’étend à d’autres produits toxique comme les drogues notamment le chanvre, la colle forte, le cannabis, la marijuana etc.  La cigarette est pour beaucoup un refuge, un moyen de s’affirmer dans les bandes, ou tout simplement une addiction. Le tabac au Cameroun est consommé en tout lieu et en tout temps sans restriction aucune.

 Quand la culture du tabac, la fabrication des cigarettes ainsi que sa commercialisation sont autorisés par les pouvoirs publics, l’on a la nette impression que rien n’est fait en aval, les mesures d’accompagnement ne suivent pas toujours pour encadrer ces décisions. sous d’autres cieux par contre des mesures sont prises pour assurer la protection des non fumeurs de tel sorte que nous avons des trains avec des wagons pour fumeurs et d’autre interdit aux fumeurs, des lieux publiques, bureaux, restaurant où il est strictement interdit de fumer , et toute violation donne droit à  des amendes et autres contraventions.

Si le tabac est si dangereux, pourquoi les gouvernements laissent prospérer son exploitation ?

Justement parce que, bénéficiant d’énormes taxes générées par l’industrie du tabac, les gouvernements du monde libéralisent son implantation, faisant main basse sur  les conséquences qui en découlent dans le long terme et des dégâts causés non seulement sur l’environnement mais surtout sur les hommes.

L’impact du tabagisme sur l’environnement et sur les êtres humains

     Le tabac est le produit d’une monoculture qui draine les éléments nutritifs du sol et l’appauvrit en un laps de temps. De plus, ladite plante est sujette aux mycoses et aux attaques de divers parasites. Les producteurs se voient  de ce fait contraints d’utiliser  d’énormes quantités de pesticides et d’engrais ;  employant jusqu’à 150 produits chimiques différents dont certains sont dangereux pour les travailleurs et laissent également des résidus dans la terre et dans les nappes phréatiques.  Il résulte de cette pollution aussi massive que durable un lessivage des sols en peu de temps, d’où la nécessité de replanter ailleurs ou d’assoler les terres en procédant à la culture alternée.

     Cette exploitation effrénée conduit à l’érosion du sol. Pour créer de nouvelles surfaces cultivables, on défriche alors des forêts les plus vierges souvent sans une politique de reboisement. De même le procédé de séchage des feuilles de tabac est très vorace en bois de chauffage. Par conséquent, l’espace vital des humains,  de la flore et la faune est détruit, la variété des espèces se réduit à cause de la désertification.

            En ce 31 mai, où pour une énième fois la communauté internationale célèbre cette journée mondiale sans tabac, les statistiques sont plutôt alarmantes. En fait, d’après l’organisation mondiale de la santé (O M S), la consommation de tabac est responsable de la mort de près de 6millions de personnes chaque année dans le monde. 5 millions d’entre elles sont des fumeurs ou d’anciens fumeurs, et plus de 600 000 des non-fumeurs victimes du tabagisme passif et le nombre annuel de ces décès pourrait atteindre 10 millions d’ici à 2020.

Par ailleurs, la toxicité de ce produit relève davantage du fait que les fabricants y ajoutent près de 4000 additifs, une vingtaine de ces substances est  cancérogènes  et peu donc provoquer des cancers,  notamment le cancer du larynx et du poumon. Le tabac est  responsable des maladies cardiovasculaires, car la combustion d’une cigarette provoque l’évaporation des gaz comme le monoxyde de carbone ou l’oxyde d’azote. De même, la proximité avec les feuilles verte de tabac expose les travailleurs à la maladie du tabac vert et très souvent en Afrique sub saharien les agriculteurs sont très peu informés des risquent qu’ils courent.  

De ce fait, parler de la célébration d’une journée internationale sans tabac  est paradoxale, puisque l’industrie du tabac reste l’une des plus prospères au monde ; les chiffres sont plutôt éloquents : 6000 milliards de cigarettes vendues chaque année, générant des recettes estimées à 614 milliards de dollars  pour la seule année 2009 par exemple. Ce qui laisse entendre que la célébration de la journée mondiale sans tabac, instituée depuis 1978 n’a pas un fort impact ni un écho auprès de la population.

             Face à cette vague de reproches, l’industrie du tabac lance des initiatives pour garantir sa responsabilité sociétale, afin de convaincre les pouvoirs et d’étouffer toute initiative de lois anti-tabac dans les parlements. Il peut s’agir également des lobbies constitués qui exercent généralement des pressions direct ou indirect visant à saper la légitimité de telles lois. Ces pressions sont adossées sur des fameux concepts de la liberté donc du choix des consommateurs. En définitive les gouvernements se trouvent dans un dilemme, d’un côté grignoter les taxes prestigieuses que payent ses industries et de l’autre mettre une politique visant à réduire le nombre de consommateurs (clients). Dans ce jeu, les pouvoirs publics du sud font le jeu des lobbies, industries du tabac. Ce qui relève d’une incohérence regrettable dans le comportement des décideurs. Un peu comme l’industrie du pétrole qui, on le sait bien a un impact considérable sur le réchauffement climatique, mais qui prospère même si contrairement au tabac, le pétrole une nécessité pour les hommes.

Quelque soit les bénéfices engranger par l’Etat dans la collecte des taxes venants de l’industrie du tabac, ainsi que la mise sur pied des instruments tels que la cigarette électronique, il constat reste catastrophique, le tabac fait des ravages, les coûts occasionnés par les conséquences de sa consommation demeure insoutenable. Le tabac paralyse lourdement l’économie nationale plus qu’il ne la booste car en fin de compte il n’y a aucune plus value.

Il est possible que la journée mondiale sans tabac ait toute sa raison d’être à condition qu’elle ne donne l’impression d’un carnaval russe sans impact au finish sur la réduction de la consommation de cette drogue. En attendant des mesures fortes et significatives, le tabac prospère dans sa mission dévastatrice et avec cet élan le chiffre d’un milliard de victimes voire de morts dans le monde sera atteint en ce XXI e siècle.

Comments

[Aristide Mono]

les autorités camerounaises font comme si la solution devrait venir des citoyens et pour elles laissent volontairement prospérer cette économie nocive sous prétexte que les dividendes en terme de taxes font respirer nos recettes budgétaires. De qui se moque t-on?

[Aristide Mono]

les autorités camerounaises font comme si la solution devrait venir des citoyens et pour elles laissent volontairement prospérer cette économie nocive sous prétexte que les dividendes en terme de taxes font respirer nos recettes budgétaires. De qui se moque t-on?